Qu’est-ce que la Trance Music ?


La Trance est un genre de musique électronique qui a émergé à la fin des années 1980 et a pris racine en Allemagne au début des années 1990. Elle s’est ensuite rapidement propagée à travers toute l’Europe avant de connaître un succès mondial.

Caractéristiques de la Trance

La Trance est un genre de musique électronique rythmée, reconnaissable par ses mélodies spatiales et son atmosphère planante. Bien qu’elle constitue un genre à part entière, elle intègre largement des influences d’autres styles musicaux tels que la Techno, la House, l’Acid House, le New Beat, la Synth-Pop, la New Wave, l’Ambient, la musique classique et les bandes sonores de films.

La composition de la Trance se caractérise par une superposition minutieuse de couches sonores. Ses phrases mélodiques, souvent étendues sur 32 mesures (parfois 64), sont répétées, créant ainsi une structure hypnotique. Les morceaux de Trance sont reconnus pour leurs montées en puissance, leurs descentes et leurs libérations soigneusement planifiées, ce qui génère une dynamique de tension. Ce genre musical repose sur un tempo généralement compris entre 125 et 150 BPM (battements par minute).

Une caractéristique courante dans la musique Trance moderne est une montée en puissance jusqu’au milieu du morceau, suivie d’une transition conduisant au ‘breakdown’ (ou ‘break’). Ce moment élimine rythmes et percussions, laissant la mélodie et/ou l’atmosphère s’épanouir seules pendant une période prolongée. La phase de reconstruction qui suit aboutit généralement à un « drop », point culminant où l’intensité atteint son paroxysme, créant ainsi une explosion d’énergie. Les morceaux de Trance sont souvent de longue durée, ce qui favorise une telle construction et le développement progressif des éléments. Ils sont également pourvus d’une introduction (intro) et d’une conclusion (outro) épurées pour faciliter le mixage par les disc-jockeys.

Bien que principalement instrumentale, la Trance peut incorporer des voix. Généralement interprétés par des solistes féminines, ces chants suivent souvent une structure sans couplet/refrain traditionnel. La forme vocale structurée dans la musique Trance est à la base du sous-genre Vocal Trance, avec des voix féminines ou masculines éthérées flottant parmi les synthétiseurs.

L’expérience auditive de la Trance va au-delà de la simple dimension musicale. Étroitement liée à l’état de transe, caractérisé par un sentiment d’hypnose et de conscience accrue, la musique Trance suscite des émotions intenses chez les auditeurs, tels qu’une euphorie profonde, des frissons et une élévation spirituelle.

Sous-genres de la Trance

La musique Trance se décline en une variété de sous-genres, chacun arborant des caractéristiques particulières :

Morceaux emblématiques de la Trance

Découvrez cinq morceaux qui ont marqué l’histoire de la Trance :

Push – Universal Nation

Darude – Sandstorm

Rank 1 – Airwave

Tiësto – Adagio For Strings

Chicane feat. Maire Brennan – Saltwater

Histoire de la Trance

Dreamstate Festival - © Jake West

Origines

Le genre musical Trance a émergé entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, résultant d’un processus évolutif s’étendant sur plusieurs décennies et façonné par diverses influences musicales.

Années 1930-1950 : Premières apparitions du terme “trance”

Le terme « trance » a été utilisé dans le contexte musical dès les années 1930. Des titres tels que « Lou Gold & His Orchestra – Dancing In A Trance » (1930) et « Korla Pandit – Trance Dance » (1954) font partie des premières occurrences du terme, bien qu’ils appartiennent à des genres musicaux très éloignés de la musique Trance telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Années 1960-1970 : L'influence des synthétiseurs

L’utilisation des synthétiseurs dans la création musicale a ouvert la voie à de nouveaux horizons sonores. Certaines œuvres de cette période, appartenant au genre électronique et résultant d’expérimentations avec des synthétiseurs, ont joué un rôle essentiel dans l’évolution musicale qui a conduit à l’émergence de la Trance en tant que genre distinct dans les décennies suivantes.

Parmi ces œuvres marquantes, on peut citer « Gershon Kingsley – Popcorn » (1969), « Kraftwerk – Autobahn » (1974), « Kraftwerk – Trans Europe Express » (1977), ainsi que les paysages sonores atmosphériques, voire hypnotiques, d’artistes tels que Klaus Schulze, Can et Tangerine Dream. L’album « Phaedra » (1974) de Tangerine Dream est souvent considéré comme un jalon dans le domaine de la musique électronique expérimentale et a eu une influence notable sur le développement ultérieur de la Trance. Un autre artiste important de cette période est Giorgio Moroder, notamment grâce à ses longues versions de « I Feel Love » (1977) et « Chase » (1978) d’une durée respective de 8 et 13 minutes.

En 1977, Eberhard Schoener a également sorti un album Rock électronique intitulé « Trance-Formation », comprenant les titres éponymes « Trance-Formation » et « Falling In Trance ». Cet album décrit les expériences personnelles et subjectives de l’artiste, ses sensations lors de fréquents voyages en Asie du Sud-Est, en particulier une expédition à travers le Népal jusqu’à la frontière tibétaine. Eberhard a déclaré que sa musique a quelque chose à voir avec la notion de transe.

Années 1980 : Les prémices de la Trance

Les années 1980 ont été marquées par une révolution musicale au Royaume-Uni, connue sous le nom d’Acid House, originaire de la ville de Chicago aux États-Unis. Cette nouvelle vague de musique électronique s’est rapidement répandue dans la vie nocturne britannique, donnant naissance à des ‘rave parties’ à travers tout le pays. Les étés 1988 et 1989 ont été témoins d’un véritable phénomène culturel en Grande-Bretagne, baptisé « Second Summer Of Love », d’une ampleur sans précédent depuis la vague Punk.

Parallèlement, la notion de transe gagnait en popularité dans le monde musical et s’immisçait notamment dans les titres d’albums de Klaus Schulze, comme « Trancefer » (1981) et « En=Trance » (1988). À la fin des années 1980, plusieurs versions originales des morceaux du groupe britannique The KLF sont sorties avec la mention « Pure Trance » sur leurs pochettes, parmi lesquels figuraient « What Time Is Love » (1988) et « Last Train To Trancentral » (1989), sans oublier le titre évocateur « Kylie Said Trance » (1989).

Ces événements et influences convergentes allaient jouer un rôle majeur dans l’émergence et l’évolution de la Trance en tant que genre musical à part entière.

Années 1990 : La naissance de la Trance

L’année 1990 marque un tournant décisif dans l’histoire de la Trance, avec la sortie de deux morceaux cette année-là qui se disputent généralement la paternité du genre : « Age Of Love » du groupe italo-belge éponyme et « We Came In Peace » du duo allemand Dance 2 Trance. Ces titres sont souvent considérés comme les premières compositions du genre Trance. Dag Lerner, l’un des membres du duo Dance 2 Trance, affirme dans sa biographie qu’il a été le premier à classer sa musique électronique ainsi et à lui avoir donné ce nom en raison de la sensation de transe que celle-ci cherchait à susciter chez son auditeur.

Il est important de noter que déterminer le tout premier morceau de Trance demeure une question délicate, car des divergences d’opinions subsistent à ce sujet. D’autre part, bien que classé comme Acid House lors de sa sortie en 1988, « The KLF – What Time Is Love (Pure Trance Original) » est parfois rétrospectivement considéré par certains comme le premier véritable morceau de Trance.

Quoi qu’il en soit, ces titres ont joué un rôle de catalyseurs dans l’essor de la Trance et ont inspiré une nouvelle génération d’artistes à explorer les horizons de cette musique électronique novatrice.

D’autres morceaux ont également exercé une influence notable sur ce genre émergent, contribuant à façonner ses caractéristiques distinctives. Parmi ces morceaux figurent « D-Shake – Yaaah/Techno Trance » (1990), « Future Sound Of London – Papua New Guinea » (1991), « Jam & Spoon – Stella » (1992), « Energy 52 – Café Del Mar » (1993) et « Quench – Dreams » (1993).

Développement

L'essor de la Trance en terre allemande

Sven Vath dans ses jeunes années

L’Allemagne a joué un rôle déterminant dans le développement de la culture Trance. 

Les débuts de la Trance ont été marqués par des labels influents à Francfort, tels que Eye Q, Harthouse, Fax +49-69/450464 et Force Inc. Ces maisons de disques ont vu émerger des producteurs talentueux comme Rolf Ellmer, Pete Namlook et Oliver Lieb, qui ont donné naissance à des morceaux remarquables tels que « Dance 2 Trance – We Came In Peace » (1990), « 4Voice – Eternal Spirit » (1993) et « L.S.G. – Hearts » (1994).

Sven Vath, lui aussi originaire de Francfort, a joué un rôle majeur dans le développement de la Trance. Il a été profondément inspiré par ses voyages à Goa en Inde, où les DJs jouaient du Rock psychédélique et d’autres sons pour induire un état de transe lors de fêtes sur la plage. Sven Vath, Dag Lerner et Torsten Fenslau avaient un penchant pour les sons hypnotiques, et la musique jouée au Dorian Gray et à l’Omen a commencé à refléter cette tendance.

Sven Vath a lancé Eye Q avec Heinz Roth et Matthias Hoffman en 1991, suivi par Harthouse en 1992, publiant ainsi quelques-uns des morceaux Trance les plus connus de l’époque. Eye Q a privilégié une approche plus douce du genre avec des morceaux tels que « Vernon – Wonderer » (1993), « Cygnus X – The Orange Theme » (1994) et « Brainchild – Symmetry » (1994). En revanche, Harthouse s’est focalisé sur un son Trance plus dur, avec des titres majeurs comme « Spicelab – Quicksand » (1992), « Metal Master – Spectrum » (1993) et « Resistance D – Human » (1993). Le son de Francfort est rapidement devenu le son de la Trance.

Berlin a aussi joué un rôle déterminant grâce à MFS Records. Ce label a réussi à attirer des artistes talentueux comme Mijk van Dijk, Cosmic Baby et Paul van Dyk, et a rapidement publié des morceaux emblématiques tels que « Visions Of Shiva – Perfect Day » (1992) et « Humate – Love Stimulation » (1993). La Trance a ainsi trouvé sa place dans la capitale allemande, marquée par la sortie en 1992 de ce qui est peut-être la première compilation du genre : « Tranceformed From Beyond ».

Goa et l'émergence de la Trance psychédélique

Mainstage de l'Ozora Festival, événement de Psytrance - © Anaël Azuria

Pendant que la musique Trance gagnait en popularité à travers l’Europe dans les années 1990, un mouvement underground parallèle s’est formé à Goa en Inde. Goa était une destination prisée par les hippies du monde entier, notamment en raison de ses fêtes et de sa musique psychédélique.

Dans les années 1980 à Goa, le Rock psychédélique a progressivement été délaissé au profit de la musique électronique dans toute sa diversité. C’est ainsi qu’il a été découvert plus tard que la Trance s’harmonisait parfaitement avec l’ambiance hypnotique et psychédélique de la scène de Goa. De cette effervescence culturelle et spirituelle est née la Trance Goa.

En 1994, Goa a développé son propre mouvement de Trance, exportant ses sons et sa culture vers l’Europe. Des artistes tels que Goa Gil, Juno Reactor, Man With No Name, Raja Ram & The Infinity Project, Astral Projection et Hallucinogen ont joué un rôle majeur dans son évolution et sa diffusion.

Vers la fin des années 1990, la Trance Goa a été à l’origine d’un sous-genre extrêmement populaire de la Trance, qui est aujourd’hui connu sous les noms de Psytrance ou Trance Psychédélique. Ce style musical a évolué pour devenir un genre à part entière, indépendant du mouvement Trance initial, et a acquis une reconnaissance internationale. La Trance Psychédélique est devenue une force majeure, attirant de nombreux adeptes passionnés à travers le monde. Une couverture exhaustive de son ampleur et de sa diversité dépasserait les limites de cet article.