Progressive Trance

La Progressive Trance, souvent étroitement liée à la Progressive House sur le plan musical et parfois difficile à distinguer de cette dernière, est un sous-genre de la musique Trance qui a émergé au cours des années 90 en Europe occidentale. Qualifiée d’anti-rave par certains, cette forme musicale a gagné en popularité sur les pistes de danse à la fin du millénaire.

Origines et signification du nom

Le terme ‘progressive’, couramment employé pour qualifier divers genres musicaux au même titre que ‘hard’, ‘deep’, ‘dark’ ou encore ‘uplifting’, incarne l’aspiration à l’innovation et à l’expérimentation dans la musique. Cette approche se manifeste par l’intégration d’instruments atypiques pour le genre et par l’élaboration de structures musicales plus complexes, où les éléments et l’énergie se déploient progressivement. Ainsi, ce terme symbolise une démarche artistique audacieuse, cherchant à s’affranchir des conventions stylistiques et à se différencier des formes plus traditionnelles ou mainstream du genre concerné. Un exemple précoce de cette démarche est le Rock Progressif, qui a vu le jour à la fin des années 60.

Caractéristiques

La Progressive Trance conserve les racines mélodiques de la Trance, mais se distingue par une utilisation plus subtile et moins grandiloquente des arpèges de synthétiseurs. Elle se caractérise par des structures rythmiques évolutives, incluant parfois des éléments de Tribal House et de Breakbeat, des lignes de basse profondes et groovy, ainsi que des mélodies atmosphériques. Avec un tempo généralement compris entre 126 et 135 BPM (battements par minute), elle est plus lente que la plupart des autres sous-genres de la Trance.

Ses morceaux peuvent durer une dizaine de minutes et présentent une structure complexe, où de nouveaux éléments et motifs musicaux sont introduits et développés de manière progressive. Cette approche donne une certaine profondeur aux compositions et offre une expérience musicale immersive.

Bien qu’appréciée sur les pistes de danse, la Progressive Trance privilégie une atmosphère plus relaxante et introspective, se détachant de l’énergie et de l’euphorie typiques de la Trance pour explorer des sensations plus nuancées.

Différences entre Progressive Trance et Progressive House

La Progressive Trance et la Progressive House partagent des similitudes, mais elles présentent également des différences notables. Pour mieux les distinguer, voici quelques points clés :

  1. Rythmique : La Progressive Trance se caractérise par des structures rythmiques plus complexes et évolutives, avec une utilisation fréquente de percussions éthérées et des rythmes de batterie rapides, comme les roll snares. Cela confère aux morceaux une énergie plus marquée et une atmosphère planante. La Progressive House, en revanche, arbore des rythmes plus réguliers et groovy, avec des percussions naturelles et moins d’effets.
  2. Tempo : Le tempo de la Progressive Trance est généralement plus rapide, oscillant entre 126 et 135 BPM. La Progressive House adopte un tempo plus lent, souvent compris entre 120 et 128 BPM.   
  3. Instrumentation : Bien que les deux genres utilisent fréquemment des synthétiseurs et des pads atmosphériques, la Progressive Trance se distingue par des mélodies plus riches et plus complexes, offrant une plus grande spatialité. La Progressive House, quant à elle, privilégie des mélodies épurées et des éléments percussifs entraînants. En outre, les lignes de basse de la Progressive Trance sont plus intenses et rapides, avec une forme roulante.
  4. Ambiance et atmosphère : La Progressive Trance crée une atmosphère immersive, introspective et émotionnelle. La Progressive House, en revanche, est souvent plus légère et propice à la danse, avec une énergie positive.


N.B. : Il est essentiel de noter que ces différences ne sont pas absolues. Il existe des chevauchements et des variations dans les caractéristiques des deux genres, et la perception peut varier selon l’auditeur.

Rapprochement entre Progressive Trance et Pop-Rock

Un phénomène intéressant dans le monde de la Progressive Trance est son rapprochement avec le son Pop-Rock. Cette branche de la Progressive Trance incorpore à sa structure des éléments typiques du Pop-Rock, tels que les guitares, les arrangements vocaux, et des structures de chansons plus traditionnelles.

Les compositeurs s’efforcent d’établir un équilibre entre l’énergie et l’atmosphère hypnotique de la Trance, et la familiarité et l’attrait du Pop-Rock. Cette fusion vise à créer une musique à la fois innovante et accessible, élargissant l’audience de la Trance à un public plus large.

Le duo Gabriel & Dresden est un excellent exemple d’artistes ayant exploré cette rencontre.

Morceaux emblématiques

Les débuts de la Progressive Trance ont été marqués par l’émergence de morceaux qui ont joué un rôle essentiel dans l’établissement du genre. 

Voici une sélection de quelques-uns des titres les plus remarquables de cette période :

Pete Lazonby – Sacred Cycles (1994)

Der Dritte Raum – Hale Bopp (1998)

BT – Godspeed (1998)

Sasha – Xpander (1999)

Bedrock – Heaven Scent (1999)

Histoire de la Progressive Trance

Photo de Sasha, l'un des pionniers de la Progressive Trance et de la Progressive House - © Lindsay Barchan

La Progressive Trance et la Progressive House ont émergé au début des années 90 dans les clubs britanniques, où elles étaient fréquemment associées lors des sets de DJs. 

Sasha et John Digweed font partie des DJs les plus influents à avoir embrassé ces styles musicaux. Leurs performances au prestigieux club britannique Renaissance les ont propulsés au rang d’ambassadeurs incontournables de la Progressive. Leurs séries de compilations « Renaissance: The Mix Collection » (1994 et 1995) et « Northern Exposure » (1996, 1997 et 1999) ont joué un rôle majeur dans l’établissement et la reconnaissance de ces courants sur la scène électronique.

D’autres contributeurs ont joué un rôle significatif dans l’expansion de la Progressive Trance. Le duo Way Out West s’est distingué avec son single novateur « Ajare » (1994), tandis que le groupe Tilt a enregistré des succès notables chez Perfecto Records. Parmi les acteurs américains, Brian Transeau, plus connu sous le nom de BT, a influencé la scène avec son album « 今 Ima » (1995), fusionnant des sonorités Trance avec la Deep House. Deepsky, bien que moins médiatisé, a également laissé une empreinte importante. À cette époque, l’un des plus grands labels au Royaume-Uni, Hooj Choons, a joué un rôle prépondérant dans la promotion de variantes précoces de la Progressive Trance. Enfin, des artistes tels que Dave Seaman, Jam & Spoon, Fluke, Faithless, Breeder, John Graham, Blue Amazon, Hybrid et Underworld ont tous contribué à enrichir et diversifier le paysage de ce genre musical.

Vers la fin des années 90, de nombreux DJs de Trance ont commencé à intégrer des influences Progressive dans leurs sets, élargissant ainsi le spectre musical du genre.

Au fil des années, une certaine confusion s’est installée dans le paysage de ce genre musical. Tout comme la Progressive House, la Progressive Trance a connu une évolution vers un son de plus en plus mainstream et dancefloor au cours des années 2000. Cette évolution a parfois altéré l’essence même de ce que le terme ‘progressive’ représente. L’essor de l’Electro House et ses variantes a ouvert de nouvelles voies d’expérimentation et de fusion pour la Progressive Trance, engendrant ainsi des styles hybrides, parfois désignés sous les appellations Electro Trance et Big Room Trance. Ces styles sont principalement conçus pour les grandes scènes de festivals et se caractérisent par une structure mettant l’accent sur un ‘drop’. Malgré ces évolutions, ils demeurent encore fréquemment classés Progressive Trance. Armin van Buuren, avec quelques autres artistes, est devenu le porte-étendard de cette nouvelle génération de Progressive Trance dans les festivals et les clubs du monde entier. Certains pionniers, à l’instar de Sasha et John Digweed, ont fait le choix précoce de se démarquer du virage vers le mainstream en optant pour un style plus underground, souvent qualifié de Minimal Progressive.

Une autre source fréquente de confusion concerne la Progressive Psy Trance, qui est parfois incorrectement nommée Progressive Trance, malgré des origines distinctes et des différences musicales significatives. Cette assimilation engendre une grande incompréhension parmi les amateurs de Trance Psychédélique.